SMALL WORLD, Martin PARR (à partir des années 1980)

La série Small world que Martin Parr commence dans les années 80 est consacrée au tourisme international, l’industrie du loisir. Dans l’introduction de l’ouvrage tiré de cette série, il est mentionné que si l’industrie du tourisme était un pays, ce serait le troisième plus grand au monde. Martin Parr s’intéresse plus particulièrement aux conventions et aux maladresses des photographies touristiques. On rencontre ainsi le portrait-type du visiteur devant l’attraction principale, généralement un site, une voiture, ou encore des amis lors d’une fête. La photographie et l’acte de photographier font partie intégrante de la visite car la photo est une trace de ce qui est arrivé.
Les biens matériels, les idées de liberté et de culture, le fait d’avoir assez d’argent pour croire qu’on en profite constituent le thème général des images de la série.

Quand l’absurde s’invite…

Martin Parr s’intéresse notamment dans cet ouvrage à l’absurde qui s’invite parfois sur les clichés anonymes. L’ombre d’une silhouette apparaît sur l’image ou encore le sujet est entouré de détails qui n’auraient pas dû figurer. Parmi les photographies de Parr sur cette thématique, on peut citer l’exemple de la prise de vue ratée de Stockholm. Sur ce cliché, l’imposante statue de la place centrale de Stockholm est associée à la chevelure rousse et bombée d’une femme et à l’apparition de fumée s’échappant de son sac. Martin Parr avait malicieusement repéré cette cocasserie. Le sac semble prendre feu sans que personne ne s’en offusque !


Deux clichés extraits de Small World :

Parc « le monde miniature », Pékin, Chine, extrait de la série Small world

New York ? Non, Pékin ! Bienvenue dans le Disneyland chinois se situant dans la banlieue de Pékin. En miniature, le monde non asiatique vous est ainsi proposé. Que demander de mieux pour les clichés souvenirs de famille avec un arrière-plan si facilement identifiable !
Martin Parr souligne ici l’irréalité de la scène. Les personnes sont à la fois proches et distantes, isolées les unes des autres. Chacune dans une action ou une attente différente. Le rapport incongru entre les humains et les bâtiments souligné par cette photo est cocasse et marque l’artifice de la scène. Artifice renforcé par la présence du Grand Canyon sur la gauche qui côtoie un gratte-ciel !

Ocean Dome, Miyazaki, Japon, 1996, extrait de la série Small world

Le parc aquatique Ocean Dome était connu (car il vient de fermer !) pour être le plus grand au monde. Construit en 1993, cette piscine « paradisiaque » de 300m de long et 100m de large offrait aux « plagistes » les joies d’une température constante de 30°C, un toit rétractable l’été et une « éruption volcanique » toute les heures provoquant des vagues gigantesques pour les surfeurs ! Tout cela à quelques kilomètres d’une vraie plage !
La photographie de Martin Parr est une véritable parodie de carte postale. Elle représente cette vaste plage artificielle manquant cruellement de naturel. Couleurs criardes faux rochers, villas de bord de mer en carton-pâte, fausse côte, faux-horizon semblent faire la joie des baigneurs. En famille, entre amis, les faux plagistes s’agglutinent sur le sable ou profitent de l’eau turquoise.
Extrêmement prisé dans la région, l’Ocean Dome faisait le plein tous les week-ends alors que la vraie plage à quelques kilomètres procurait apparemment bien moins de plaisir que ce paradis factice.

Objectifs pédagogiques

« Arts, espace, temps » pour les élèves de collège (niveau 3ème). L’étude portera ici sur l’œuvre d’art et la place de l’homme dans le monde, sur la notion de voyage, de cliché-souvenir.
Pour les lycéens, l’analyse de ces œuvres permettra de comprendre comment Martin Parr témoigne avec ses photographies de notre époque, de notre société de consommation et de ses travers (« Arts, informations, communications », L’art et ses fonctions).

Ce que les élèves doivent voir (à partir de leurs observations et de vos questions !)

Photo 1 : les buildings en carton-pâte, les photographes-amateurs, la petitesse de la femme qui se fait photographier devant des buildings eux-mêmes « small-size », l’isolement des participants à la photo-souvenir, le grand canyon.
Photo 2 : une plage de sable blanc bondée, une mer turquoise, des îles, des palmiers, un décor paradisiaque (justement un décor !), les couleurs criardes, le ciel bleu, la fausse ligne d’horizon, une plage factice, foule de personnes.

Ce qu’ils doivent retenir en quelques mots-clés

L’absurde, l’ironie, la mise en scène du cliché amateur photographié par le professionnel, le recul de l’artiste face à une situation du quotidien, face à notre société de consommation et son idéal du voyage, des vacances et du souvenir qu’on en garde.

Pour prolonger la séance…

L’Institut des Cultures d’Islam a invité Martin Parr à donner sa vision du quartier de la Goutte d’Or ou comment rompre avec les clichés sur le quartier grâce aux clichés du photographe. L’exposition « The Goutte d’Or » est visible jusqu’au 2 juillet 2011 (l’ICI, 19-23 rue Léon, Paris XVIIIe).

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